Après plus d’une semaine de projections, la vingtième édition de Cinespaña s’achevait par une cérémonie de remise des prix. Parmi les heureux récompensés, Daniel Guzman, Ignacio Vilar et Itziar Ituno ne sont pas repartis les mains vides
Doublon gagnant pour A cambio de nada
On ne cachera pas notre pointe de déception à l’évocation du doublon gagnant de Daniel Guzman, salué pour A cambio de nada par le Prix du Public et par la Violette d’Or du Meilleur Film. Signalant qu’il s’agissait là d’un véritable compliment, le président du Jury Yves Boisset est allé jusqu’à saluer les qualités truffaldiennes du film (bof bof) et la spontanéité prometteuse des jeunes acteurs (là, on le suit). Mais malgré les conditions précaires de réalisation du film, ajoutées à sa jolie histoire familiale (la grand-mère du réalisateur visible à l’écran y est pour beaucoup dans l’aboutissement du projet), la tiédeur de l’œuvre persiste. Face à lui, A esmorga, sombre beuverie dont la spirale transgressive semblait largement plus légitime, repart donc sans la précieuse violette, promesse d’une aide conséquente à la distribution du film en France.
Vilar ne repart pas les mains vides
Le film d’Ignacio Vilar, sacré meilleur réalisateur de l’édition, s’est tout de même distingué par le prix de la meilleure photo ainsi que par le trophée d’interprétation masculine conjointement décerné à son impressionnant trio composé de Karra Elejalde, Miguel de Lira et Antonio Durán “Morris”. Soufflant un vent de légèreté sur cette cérémonie, les acteurs ont joyeusement entonné « cumpleanos feliz » en l’honneur de Karra Elejalde devant une assemblée trop timide pour les suivre unanimement. Autre grand favori des pronostics, Loreak s’est finalement vu récompenser pour sa musique originale (composée par Pascal Gaigne) et son rôle titre féminin. S’adressant aux spectateurs dans sa langue natale, l’actrice Itziar Ituño a prononcé un discours sensible sur la disparition du basque et l’acte de résistance culturelle signifié par un tel film.
Incidents techniques et soubresauts politiques
Ponctuée de quelques couacs techniques semant le chaos au cœur du protocole, la cérémonie de clôture a pourtant bien failli sombrer dans l’ennui. Mais c’était sans compter sur Marisa Paredes, aussi chic qu’impertinente, saluée dans le cadre du festival pour une carrière internationale aussi passionnante que protéiforme. Dans un climat d’émotion générale, les organisateurs Françoise Palmerio-Vielmas et Patrick Bernabé lui ont donc remis un prix après plusieurs minutes de standing ovation d’un public conquis par avance. Et tandis qu’elle se préparait à faire résonner la salle de ses remerciements, c’est Jean-Luc Moudenc himself qui a jugé bon de lui remettre la médaille de la ville de Toulouse, qu’elle n’a pas tardé à dédier à tous les Espagnols venus en exil y arracher leur liberté. Gai comme un pinson apprenti-cinéphile, le Maire de Toulouse avait même préparé un pitch en espagnol pour l’occasion.
Moment sans pareil, la señora a accueilli sa médaille en fustigeant dans son discours le massacre culturel mis en œuvre par les politiques droitières de l’Espagne. Gène ostensible de l’intéressé, confusion du public : les joies du direct, la retransmission en moins.
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